Nom : Inconnu des autres, jamais il ne l'a dévoilé.
Prénom : Marn
Famille : Toute sa famille a été réduite en esclavage puis anéantie. Il est le dernier de sa branche généalogique.
Age réel : 87 ans.
Age Apparent : la petite vingtaine.
Race : Hybride elfe/humain
Royaume : Scil
Rang ou métier : Chevalier dragon, éclaireur
Caractère : Malgré son côté elfique, Marn n'a vraiment pas le caractère hautain et prétentieux que beaucoup d'elfes possèdent. Au contraire, il est serviable et compatissant avec son entourage, et se soucie beaucoup d'eux, ne demandant rien en retour. Marn est gentil envers ceux qu'il considère comme n'étant pas des ennemis, et est franc pour tous les sujet, même si cela doit blesser son interlocuteur. Cela ne l'empêche cependant pas d'aimer blaguer avec les autres, même si son humour est quelques peu... Différent. En fait, il a son style bien à lui. De plus, il rigole comme un benêt à chaque blague idiote que l'on lui raconte, même si cela avait pour but de le blesser. Donc passez votre chemin si vous voulez vous moquer ouvertement de lui. Il est aussi de nature calme et ne perd jamais son sang-froid, même si la mort le côtoie de très près.
Le demi-elfe adore par dessus tout voler avec Vraltar, suivant les mouvements du vol de son dragon. Pour lui, quand on se déplace à dos de dragon, il faut faire corps avec lui et suivre entièrement ses mouvements.
Le chevalier n'a pour le moment jamais connu le sentiment de l'amour, mais il a sa propre notion de l'amitié, considérant Vraltar comme un frère : il donnerait sa vie pour le dragon, tout comme le dragon donnerait la sienne pour Marn. Tout comme le dragon a sauvé de nombreuses fois son chevalier, celui-ci l'a aussi fait plusieurs fois.
Le chevalier dragon est lui-même hybride et, ressemblant bien plus à l'humain qu'à l'elfe, la plupart des personnes de son entourage le considèrent comme un humain pur souche, mais si quelqu'un s'avise de le rejeter ou de le rabaisser à cause de son sang, Marn ne manque pas de le remettre à l'ordre, épée sous la gorge. Il en est de même quand une personne ose se moquer d'un hybride, ou le maltraite à cause de sa nature. Pour Marn, chaque chose en ce monde a sa place, son utilité, son rôle à jouer. Quand on le regarde comme ça, on voit un jeune homme joyeux de vivre, mais pourtant, au fond de lui, une tristesse sans égale lui ronge l'âme. Il a toujours réussi jusqu'à présent à le cacher, mais un jour, il craquera probablement ou l'avouera à quelqu'un...
Ah, il ne faut surtout pas oublier de ne JAMAIS lui offrir d'alcool, car cela aurait des effets dévastateurs pour l'entourage de Marn : la moindre goutte de cidre le plonge dans un état d'ivresse spectaculaire, tellement inouï qu'il fait véritablement tout et n'importe quoi. Drôle et amusant en apparence, mais en réalité c'est catastrophique. Marn peut d'abord rigoler, danser et chanter joyeusement avant de se ruer sur une statue et la briser avec son arme, puis faire des pompes tout en insultant un grain de poussière, avant de tenter de décapiter tout le monde en leur précisant que "C'est juste pour mieux vous couper les cheveux !". Il est simplement imprévisible dans ces cas-là, et il a bien failli en tuer plus d'un...
Apparence(s) : Marn est assez grand, dans le mètre 84, est moyennement musclé et mince. Ses oreilles sont légèrement pointues, caractéristique de son sang d'elfe. Ses yeux sont d'un bleu foncé, tout comme sa longue chevelure dont il fait une queue de cheval lorsqu'un combat est prévisible. Il est assez bien bâti pour un demi-elfe, et est très souple, d'où son agilité surprenante lors des duels à l'épée. Sa peau est douce comme celle d'un elfe, surtout celle du visage qui ne laisse paraître aucune ride ou égratinure.
Il s'habille habituellement de vêtement légers, mais garde cependant toujours sur lui une veste en cuir clouté, par précaution. En général, ses vêtements sont d'un bleu très sombre, une envie personnelle d'associer la couleur inhabituelle de ses cheveux à la couleur des écailles de Vraltar. Mais Marn préfère largement porter un pantalon de cuir et une veste en soie. Et il ne met jamais de bijoux, trouvant cela futile.
Histoire : PARTIE I
Un humain noble très âgé, Fuhrylion de Valornais, a un jour découvert un artefact dans un coffre qu'il n'avait ouvert qu'à la mort de ses parents, en ayant eu la clé comme héritage de son défunt prédécesseur. Cet artefact, sous la forme d'une épée longue forgée avec précision et perfection, lui redonna énergie et vigueur quand Fuhrylion la prit par la poignée. Alors, instinctivement, la lame lui dictant ses gestes, il se hâta de trouver l'un de ses majordomes, et tomba sur un nouveau qui avait seulement la vingtaine. La lame s'est abattue sur son cou, le tuant presque sans douleur. Le sang coulait et goûtait le long du métal de l'épée, alors qu'une flaque de liquide chaud se répandait lentement, très lentement sur le sol. Alors l’assassin regarda ses mains squelettiques et ridées : elles redevenaient jeunes, lisses, et musclées. Comme avant... Comme quand Furhylion avait trente ans. Il découvrit alors le pouvoir de sa nouvelle arme, et bénit son père de ne pas l'avoir découvert lui-même. Par ailleurs, sa vactime ne faisait pas grand chose au sein de son domaine... Une bouche de moins à nourrir. Mais, il ne voulait pas tuer ses suivants pour rester éternellement jeune. Et puis, la longévité des humains ne lui plaisait pas. Il ne voulait plus vieillir. Il voulait une longévité digne de ce nom. Il voulait les elfes.
Alors il s'empressa d'engager un groupe de mercenaires spécialisés dans le meurtre et la chasse aux criminels elfes avec une somme assez alléchante. Ils choisirent alors d'attaquer un groupe d'elfes loin de leur royaume, voulant éviter des représailles éventuelles. Le massacre fut sanglant : une véritable chasse à l'homme, où les elfes étaient traquées comme des proies... Les mercenaires ne se contentèrent cependant que de capturer trois couples, liés par le sang depuis quatre générations. Ils se retrouvaient alors embarquées dans une cage en métal, tel du bétail, puis emmené aux cachots du domaine de Fuhrylion, des cachots sombres et humides, sans même une fenêtre... Et, qui plus est, Fuhrylion fit usage d'un sortilège très ancien, le liant à ses prisonniers. Le sceau magique était visible par leurs cheveux qui devinrent d'un bleu assez foncé, qui ne reprenaient leur couleur d'origine une fois la personne morte... Car, Fuhrylion avait tout prévu, si l'un des elfes venait à se rebeller, il pouvait briser instantanément le sceau magique, laissant alors l'âme du récalcitrant s'échapper de son corps, le laissant sans vie... Le noble pensait alors que tout allait bien se passer, qu'il avait pensé à tout et qu'il serait immortel...
Les années passèrent. Les elfes étaient sous-alimentés, démoralisés, l'espoir de revoir un jour la lumière du Soleil, sentir le vent caresser leur peau les avait abandonnés, et certains d'entre eux étaient passés au fil de la fameuse lame, garantissant une vie plus longue à son porteur. Fuhrylion les avait obligé à se reproduire, ne voulant pas que sa source de vie ne disparaisse : il serait bien embêté s'il devait de nouveau aller capturer des elfes... Parmi les cinq nouveaux-nés, quatre d'entre eux ont été sacrifiés dès leur naissance, le meurtrier pensant qu'en prenant une vie nouvelle il obtiendrait toute la vie que la victime allait pu avoir. Le cinquième, un garçon, n'est pas né à partir de deux parents elfes, seulement sa mère l'étant. Car son père n'était autre que Fuhrylion, qui s'ennuyait et s'était amusé avec elle, comme si l'elfe était un jouet... Et la viola. L'enfant qui est né avec du sang humain et elfique reçut la malédiction du sceau de manière héréditaire, et ses premiers cheveux étaient donc de la même couleur que celle de ses parents. Ces dernier l'éduquèrent avec tout leur cœur et leur âme, espérant que la sienne serait assez forte pour résister à la magie... Il le nommèrent Marn.
Dix années plus tard, tous les détenus avaient mis au point un stratagème pour sortir de cette prison sale et humide... Lorsqu'un majordome arriva leur fournir leur repas, un elfe lui prit la main et menaça de lui briser les phalanges une par une s'il ne lui donnait pas la clé de la cellule, mais, de peur, l'homme lui donna le trousseau de clés en tremblotant. Alors, le premier elfe les passa à un second, qui s'empressa d'ouvrir la porte métallique... Et d'étrangler le majordome, mourant alors dans un râle silencieux... Marn avait vu la scène malgré l'insistance de sa mère, qui voulait lui cacher ce meurtre. Et l'hybride ne put qu'observer en demandant pourquoi le monsieur ne bougeait plus : il n'eut pour réponse qu'un regard triste de sa mère...
Les clés en leur possession, tous les détenus ont pu sortir de leur cellule. Mais il leur restait un obstacle insurmontable : Fuhrylion, qui les attendait devant les escaliers menant à l'extérieur. Il leva la main vers les fuyards, qui stoppèrent aussitôt.
- Misérables elfes... Vous pensez réellement pouvoir m'échapper ainsi ?N'écoutant que son courage - ou sa folie - l'elfe de tête couru vers le geôlier, mains tendues vers son cou... Mais qui retombèrent, comme le reste de son corps, glissant alors sur le carrelage froid. L'homme n'avait adressé qu'un regard envers l'agresseur, et le sceau fut brisé, séparant le corps de l'âme. De rage, tous les autres elfes allèrent ensemble combattre Fuhrylion, qui fit son sourire le plus effrayant et le plus froid, avant de tuer un à un tous ceux qui osaient se dresser devant lui, en les dédaignant à tour de rôle... Une dizaine de secondes après, le couloir était rempli de corps sans vie partout sur le sol. Le noble fit la moue en estimant le coût de l'incinération de tous ces imbéciles... Et regarda avec stupeur une main infantile retirer l'épée de son fourreau, attaché à sa ceinture. C'était Marn, qui avait échappé au massacre. Son visage était empli de larmes et déformé par la tristesse et la fureur.
- Rend-moi mes parents... siffla l'enfant entre ses dents, tout en brandissant l'épée vers Fuhrylion. Ce dernier le regarda, prenant un air gentil et agréable.
- Ne t'en fais pas... Tu vas la rejoindre très bientôt... Allez, donne-moi cette épée...Marn serra encore plus fort la poignée de l'arme, au point que ses phalanges soient abîmées. Il brandit l'arme plus haut encore, tout en reculant.
- Non... Pas tant que tu ne m'auras pas rendu maman...Fuhlyrion déglutit en voyant que le demi-elfe ne plaisantait pas. Non ? Peur d'un gosse, lui, l'Immortel ? Son ton se fit plus menaçant, et il ne souriait plus.
- Donne-la moi, bâtard...Marn secoua lentement la tête, et cette réponse ne plut pas au noble qui montra les dents et fronça les sourcils. Fuhrylion se concentra alors sur l'hybride, cherchant à briser le sceau qui retient son âme... Mais sa colère laissa place à la frustration et à l'effroi quand il vit que Marn respirait toujours, était toujours debout, tenait toujours l'épée... Retenant sa peur et sa surprise, il se jeta sur Marn, en essayant de dévier la lame de son bras gauche et le frapper au visage avec le poing droit.
Mais cela n'arriva pas. Marn, les yeux fermés par la peur, avait instinctivement fait un bond de côté et transperça l'air, par réflexe, là où atterrit l'humain. La lame stoppa net dans son élan, après avoir rencontré quelque chose de dur, aussi dur qu'un os. On entendait le sang tomber goutte par goutte sur le carrelage, dont le son résonna dans le couloir. L'enfant ouvrit alors les yeux, croyant que c'était la fin, mais il vit avec stupeur que l'épée avait tranché autre chose que l'air : la chair de celui qui voulait sa mort. Fuhrylion porta lentement une main sur la lame, tentant de l'enlever. En vain. Il perdait beaucoup trop de sang, et des organes avaient été touchés. Comment un enfant pouvait-il avoir la force de manier une arme, et trancher aussi aisément le ventre d'un homme ? La réponse, il la connaissait : l'épée... L'arme avait conféré à l'enfant la force de tuer, et sa première victime ne fut autre que Fuhrylion... Ce dernier haleta faiblement, et crachait le sang. La Mort l'attendait... Quelle ironie, avoir été immortel pour finir ainsi... Non, ce n'est pas po...
Le corps du noble devint inerte. Marn ne lâchait pas l'arme qui l'avait sauvé, mais regarda silencieusement une mare de sang se former sur le carrelage. Il se mit à sangloter quand il se rendit compte de son acte, et compris aussi qu'il n'allait jamais revoir ses parents vivants...
Ils étaient morts. Tous morts.
PARTIE II
Marn se retrouvait seul, une forme de culpabilité dans l'âme. Dehors, dans la forêt, traînant l'épée derrière lui, creusant un petit sillon sur la terre qu'il foulait. Mais à chacun de ses pas, l'arme lui semblait de plus en plus lourde, et il voulait tellement se libérer de ce fardeau... Cependant, jamais il ne le ferait, ayant donné une trop grande valeur à cette lame qui lui avait sauvé la vie. L'orphelin marcha lentement, au hasard, n'ayant nulle part où aller, dans une forêt de plus dense, de plus en plus sombre, le Soleil déclinant de plus en plus, les nuages recouvrant peu à peu le ciel...
Même le tonnerre ne fit pas sursauter le jeune Marn. La pluie ne le dérangeait même plus. À quoi bon, à part sa vie, il ne lui restait plus rien. Et il avait tué... Un tel souvenir change les gens à jamais, surtout quand un enfant de huit ans accompli cet acte... Ses pieds s'enfonçaient dans la boue humide, et la marche n'en fut que plus laborieuse... Mais Marn ne cessa pas d'avancer, toujours aussi lentement, toujours impassible, toujours son arme traînant par terre... Puis il entendit des loups hurler à la Lune. L'enfant s'en fichait. Il avait tué, à son tour de le l'être... Deux loups sortirent alors des buissons, encerclant l'hybride, qui stoppa enfin sa marche pour les dévisager, toujours aussi fatigué... Il n'en pouvait plus, que tout cela cesse enfin... Les loups grognèrent en montrant les crocs, tournant autour de Marn et se rapprochant petit à petit, se préparant à lui sauter à la gorge...
Ce qui n'arriva pas, et Marn en fut presque déçu. En effet, les prédateurs humèrent l'air, méfiants, puis s'enfuirent en poussant des couinements effrayés. Et il y avait de quoi : une énorme masse noire se rapprochait de l'endroit où se trouvait l'enfant, peu à peu. Les pas de la chose se faisaient plus sourds, signe de son approche. Alors deux grands yeux bleu clairs apparurent à quelque mètres au-dessus du sol, où se reflétaient la lumière du croissant de Lune, et ils observaient le jeune enfant. Pendant un moment, Marn cru qu'il allait être fini dévorer par ce monstre, qu'il allait rejoindre ses parents... Il ferma les yeux, attendant son sort...
Tout ce que Marn entendait à présent, c'était des pattes puissantes qui se posaient sur le sol. Puis il entendit un bruit semblable à celui généré par de la pluie qui bat une peau tendue... Mais pas de douleur. Pas de vie misérable qui lui revient... Que se passe-t-il ? Serait-il déjà mort entre les crocs de cette chose ? Il ne restait plus qu'une chose à faire pour vérifier : regarder. Rouvrir ses paupières, et espérer revoir ses parents...
Marn regarda d'abord le sol boueux parsemé de brins d'herbes, et remarqua que la pluie continuait, mais plus sur lui, ne sentant plus les gouttes lui tomber dessus. L'enfant relevait alors lentement la tête, tellement lentement qu'il cru que cela prenait une éternité, se demandant si c'était la mort qui lui donnait l'impression de ne plus recevoir les pleurs du ciel... Et remarqua qu'une sorte d'aile gigantesque le protégeait des intempéries. Une aile avec des écailles noires et une membrane à travers laquelle il pouvait voir la silhouette de la Lune... Marn se posa sur les genoux, les jambes en compote, épuisé, et se met à pleurer, ne sachant pas pour quelle raison : était-il déçu de ne pas avoir été tué, ou était-il heureux de voir qu'on le protégeait ? L'hybride ne put le savoir de suite, les larmes lui brouillant la vue. Tout ce qu'il put voir ensuite, c'était les deux grands yeux qui se rapprochèrent de lui. Une voix alors profonde, grave et chaleureuse lui parvint.
- Qu'y a-t-il, jeune homme ? Et que fais-tu seul dans cette forêt, la nuit, à la merci des bêtes sauvages qui y rodent ?L'enfant tenta en vain de ravaler ses larmes, qui étaient larmes de joie - car il y avait quelqu'un - et de tristesse - en repensant au massacre de la veille... Entre deux sanglots, Marn arriva à souffler entre ses lèvres une réponse.
- Je... *snif...* J'ai perdu ma... *snif...* Famille...La créature grogna, appréciant peu ce genre de situation. Un enfant orphelin... Comme lui... Il était parti retrouver sa mère disparue, et voilà qu'il tombe sur un gosse qui est dans le même cas que lui... Le monstre posa alors sa tête au sol, juste à côté du garçon et le regarde du coin de l’œil avant de lui dire d'une voix douce :
- Moi aussi. Mais tu n'es plus seul maintenant...Marn cessa alors de pleurer, et essuya du revers de sa manche l'eau qui lui bouchait la vue, et regarda son interlocuteur qui se montrait gentil... Cette chose avait une tête reptilienne, grande, et inspirait l'effroi et l'admiration... Alors Marn se souvint d'une petite histoire que ses parents lui avaient raconté il y a deux semaines, pour l'aider à dormir paisiblement...
- Spoiler:
"Au loin, dans les montagnes, se dresse une gigantesque citadelle. On raconte que là-bas y vivent des dragons en parfaite harmonie avec un cavalier : on les appelle les Chevaliers dragon.
Pour eux, seule la justice compte : ils pourchassent les méchant et les punissent comme il le faut, afin que les gentils puissent vivre en paix. Grâce à eux, le royaume de Scil vivait dans une plénitude sans pareille... Imagine être un de ces chevaliers, Marn, quand tu seras dehors : tu aura un dragon comme compagnon, vous serez amis et inséparables, et tu volerais sur son dos, glissant sur le vent frais et pur, dans les cieux... Grâce à toi, les méchants comme ce Fuhrylion périront pour leurs actes, et les innocents seront libre.
Allez, Marn, dort maintenant. Essaye de rêver à un vol sur un dragon... Sur une créature volante, avec des écailles, à la fois attirante et effrayante, et qui partage ses voyages avec toi..."
Et il s'avérait que la créature qui était devant l'enfant avait des ailes, des écailles d'un noir , et était à la fois attirant et effrayant... Marn ouvrit de grands yeux, et dit tout doucement :
- T'es.. Un dragon..?Les paupières de ces grands yeux clignèrent lentement.
- Aux dernières nouvelles, je suis bien un dragon. Mais toi... Il huma l'odeur du demi-elfe, et recula sa tête avec surprise :
- Que t'est-il arrivé, mon jeune enfant ? Je sens l'odeur du sang sur toi...Marn baissa le regard, les yeux mi-clos, revoyant à moitié le spectacle horrible qu'il a vu dans la journée...
- J'ai tué mon père... Car il a tué papa, maman et les autres...Alors il le revit avec la lame à moitié enfoncée dans la chair de Fuhrylion. Il revoyait le sang couler, goutter, le tâcher, s'étendre sur le sol. Il revoyait l'expression de son père... Il revoyait aussi les corps inertes et sans vie des elfes qui l'avaient aimé et éduqué comme un des leurs, malgré sa nature hybride... Une fois encore, des larmes perlèrent aux coins des yeux du demi-elfe, manquant de pleurer... Le dragon aux écailles noires soupira en remarquant que le petit sanglotait de nouveau, et cela l'attristait beaucoup, lui rappelant à quel point lui aussi avait pleuré quand il apprit que sa mère avait disparue, sans un au revoir. Compatissant, il poussa amicalement Marn du bout du museau, ce qui surpris d'abord l'enfant, qui le regardait avec de grands yeux d'abord étonnés, puis sourit gentiment, tendant sa main vers le dragon pour caresser ses écailles, le remercier... Et celui-ci se laissa faire. La main juvénile passa doucement sur les dures et lisses écailles où se reflétait la lumière du croissant de Lune, et le dragon noir apprécia cela, ronronnant légèrement. Cela dura quelques minutes avant qu'il ne relance la discussion.
- Quel est ton nom, petit ?- Marn...- Et bien, Marn, si tu le veux, je peux t'accompagner jusqu'à un village non loin d'ici. Sans doutes trouveras-tu une famille qui voudra s'occupper de toi...L'enfant sourit, dissipant tous les traits de son ancienne tristesse, et se jeta sur le museau du dragon, bras grand ouverts. À cet instant, la pluie cessa presque complètement, les nuages commençant à libérer le ciel, laissant place au noir de la nuit et à la lueur des étoiles.
- Merci ! Merci beaucoup ! Tu es gentil...- Je ne supporte simplement pas de voir un enfant aussi attristé...Sur ces mots, le dragon secoua légèrement la tête pour faire redescendre le jeune enfant de son museau, puis se retourna et lui fit signe de le suivre avec un mouvement des yeux. Marn obéit, tout sourire, et marcha juste à côté de cette créature fantastique.
- Quel est votre nom ?- Appelle-moi Vraltar, et, par pitié, petit, ne me vouvoie pas, ça me fait vieux ! répondit-il en riant.
J'ai à peine quarante années !- Seulement quarante ? réplique Marn en ouvrant de grands yeux.
Mais vous viv... Euh, tu vis combien de temps ?- Longtemps, très longtemps...Vraltar souriait en même temps que son protégé, et marchait en direction du village le plus proche, vers l'Est. L'enfant ne le lâchait pas dune semelle, ayant toujours l'épée à la main, et cela intriguait son guide.
- Pourquoi gardes-tu cette lame ? Un enfant ne devrait pas être en possession d'un objet aussi coupant !Marn s'arrêta net, et lève la lame de l'épée devant ses yeux, l'observant en tous sens. Dessus, le sang de Fuhrylion avait déjà séché, et commençait à s'effriter.
- Elle était à mon père... Et je la trouve jolie.- Ton père ?L'hybride hocha lentement la tête, avant de baisser la pointe de la lame vers le sol. Il avait tué, mais l'idée que la victime était un bourreau apaisa sa culpabilité, et il sourit légèrement, se sentant bien mieux. Il savait maintenant ce que l'on ressent une fois libéré, une fois que son oppresseur a disparu... Et il se demandait s'il était le seul.
*Non, probablement...*, songea-t-il... Et il savait à quel point être dans cette situation était insupportable, à la fois physiquement et psychologiquement... Jamais il n'accepterais que cela persiste, et que les hommes comme Fuhrylion fasse ce genre d'ignominie...
- Vraltar... Tu connais la Citadelle ?Le dragon stoppa net et retourna la tête vers le jeune garçon, l'air sérieux.
- En effet. Pourquoi veux-tu savoir cela ?- Je veux devenir un chevalier dragon.Alors Vraltar haussa un sourcil et fit demi-tour, avant de s'allonger devant Marn, ses imposantes pattes croisées. Il lui souri, trouvant que cet enfant était courageux pour son âge.
- Voilà qui est intéressant. Tu sais que tu es un peu jeune pour devenir un chevalier ?- Je grandirais là-bas.- Avec qui ?- Toi. J'aimerais beaucoup que ce soit toi.Le jeune dragon fixa le garçon, souriant encore plus. Décidément, ce petit bout est réellement plein de surprises...
- Une dernière question : pour quelle raison veux-tu devenir un chevalier dragon ?- Mon père nous a enfermé dans un cachot, très froid, je tombais parfois malade. Et j'ai vu ma famille se faire tuer... Et j'ai un rêve : aider les gens. Vraltar, tu crois que j'en suis capable ? Moi, oui. Je suis grand maintenant.Vraltar l'écouta avec attention et admiration, se rendant compte de la volonté de ce jeune enfant, en face de lui. Il savait ce qu'il voulait faire, avait un objectif. Et cela fit chaud au cœur et à l'âme du dragon, qui soupira en souriant. Il se releva ensuite sur ses quatre pattes.
- Tu sais que tu me plaît, Marn ? Des enfants comme toi ne courent pas les rues. Peu pensent comme toi, et encore moins ont la volonté de faire ce qui leur semble juste. Allez, viens. Je vais t'emmener à la Citadelle.Après avoir terminé son petit discours, Vraltar se retourna et se dirigeait à présent vers le Nord. Vers la fameuse Citadelle. Marn le suit à la trace, tel un enfant qui ne quitterait pas son grand frère d'une semelle...
PARTIE III
Durant le voyage vers la Citadelle, qui a duré quatre jours et trois nuits, Vraltar s'est occupé de son protégé avec une gentillesse et une attention toute particulière : le dragon chassait pour deux et n'hésitait pas à griller la chair de ses proies pour le plaisir des papilles gustatives de Marn, il surveillait sans cesse les alentours pour éviter la moindre embuscade éventuelle, léchait les égratinures de l'enfant lorsqu'il tombait ou se blessait en se griffant sur une branche pointue, il le laissait dormir contre lui, le protégeait de la pluie... Vraltar se comportait comme un père envers Marn. Mais jamais Vraltar n'oserait se considérer ainsi. Pour lui, cet enfant pourrait s'apparenter à une connaissance agréable, presque un ami. Mais sans plus.
Une fois arrivés à la Citadelle, Marn était ébahit par tous ces dragons, ces personnes en armures, dont certains dialoguaient avec leur compagnon draconique... Déjà de l'extérieur, le bâtiment était impressionnant, mais de l'intérieur, il l'est encore plus : tout semble dégager une sorte d'aura apaisante, rassurante, qui fit plaisir au demi-elfe.
Vraltar lui fit faire le tour du bâtiment, sous les yeux curieux des autres chevaliers et des dragons qui se trouvaient sur leur chemin, et Marn sentait leurs regards peser sur lui, et n'osait pas les regarder en face, timide. Le seul lieu que Vraltar ne fit pas visiter à l'hybride était la couveuse, lui expliquant qu'il était interdit d'y entrer sans une permission valable. À la fin, le dragon l'emmena sur une des terrasses destinées aux dragons, et Marn ne put s'empêcher de regarder en bas, les pieds au bord de la plate-forme. Prit d'une crise de vertige soudaine, surpris par la hauteur phénoménale de la Citadelle, il aurait pu tomber, si Vraltar ne lui avait pas attrapé le col avec ses crocs. Une fois la visite terminée, Vraltar fit une proposition à Marn :
- Maintenant que tu connais à peu près toute la Citadelle, il faudra bien que quelqu'un s'occupe de toi, puisque tu es malgré tout encore un enfant. Je vais voir avec les chevaliers si l'un d'entre eux veut bien s’occuper de ton éducation et de ta formation. Car, crois-moi, tu as le potentiel pour devenir chevalier. Je le sens au fond de toi.L'hybride le regarda dans les yeux avec un grand sourire.
- Ce n'est pas un chevalier que je veux pour s'occuper de moi. Mais c'est toi... Près de toi, je ne me suis jamais sentit aussi bien. Tu as été si gentil avec moi aussi... Je te considère presque comme un père...Le dragon ne revenait pas de ces paroles. Comme un père ? Voilà un compliment qui lui fit très chaud au cœur, et pour le remercier, il poussa légèrement son interlocuteur du bout du museau.
- Je suis peut-être un peu jeune pour faire un père, non ? Cela me fait très plaisir que tu penses ainsi, mais je ne veux pas que l'on ait cette relation. Si tu y tiens tant, soyons en quelques sortes... Frères ?Tout sourire, Marn ne put s'empêcher de caresser le museau du dragon.
- Et j'aimerais beaucoup être ton chevalier, grand frère...- Mon chevalier ? Tu me ressembles beaucoup, tu t'es montré sympathique et tu m'a réchauffé le cœur. Je ne verrais aucun inconvénient à ce que tu me pourrisses la vie comme se doit de le faire un petit frère, et en plus, mon chevalier !Alors le dragon se mit à rire de bonheur, très bientôt suivi de Marn. Ils étaient décidés : leurs vies allaient se rejoindre...
Au fil des années, Marn apprit tout ce qu'il fallait pour devenir chevalier : l'histoire et la géographie de Brume, le maniement de l'épée longue où il montra un talent formidable, les langues commune et elfique, mais surtout à voler avec son compagnon sans tomber à chaque changement de cap ou acrobatie. Plus le temps passait, plus il se révéla qu'un lien très fort entre les deux 'frères' se créa. Vraltar et Marn grandirent ensemble, et l'enfant devint un demi-elfe agile, beau, et mince.
Aujourd'hui encore, Marn vit avec Vraltar, et sa joie d'avoir un frère comme son compagnon lui fit plus plaisir que tout...
Pouvoir(s) : Marn possède un don inné pour le maniement de l'épée longue. Son agilité et sa célérité donnent l'impression qu'il danse avec sa lame. Une danse mortelle... Il est capable de ressentir les émotions et les pensées de Vraltar, si celui-ci ne bloque pas le lien qui les unis, car parfois il vaut mieux garder ses pensées pour soi...
Arme(s) : une épée longue récupérée sur le cadavre de celui qui a massacré sa famille. Il n'a pas de rancune à utiliser cette lame, car quand il l'utilise l'arme semble auréolée d'une faible lumière verte, et Marn prétend que cela lui donne encore plus de talent au combat. En vérité, il s'agit d'une ancienne lame maudite : quand la lame tue, elle absorbe une partie de l'âme du vaincu et transmet l'énergie accumulée au porteur de l'arme, lui offrant vitalité et allongeant son espérance de vie. L'effet cesse cependant lorsque le propriétaire de l'épée est tué : les âmes capturées s'échappent alors et l'épée se décharge, avant d'appartenir au meurtrier de son ancien possesseur.
Familier : Vraltar, le dragon noir qui accompagne Marn. Celui-ci a été adopté par une dragonne rouge, ayant été abandonné par ses parents à l'état d’œuf. Il a grandi auprès de sa mère qui faisait preuve d'un caractère de mère poule. Mais un jour, elle partit sans prévenir, laissant Vraltar seul. C'est lors d'une de ses sorties pour la retrouver que le dragon noir fit la connaissance de Marn. Vous connaissez la suite...
Ses muscles sont moins puissants que ceux des autres dragons, mais l'agilité compense largement ce manque de force. Ses écailles très solides sont d'un noir de jais, laissant de refléter la lumière, alors que ses écailles ventrales, très fragiles, sont d'un beige très sombre, et ses yeux d'un bleu clair profond. Il est tout de même assez grand, faisant six mètres de long et quatre de haut. Ses crocs, dont certains dépassent légèrement de sa gueule, et ses griffes sont tranchants, et il possède une crête dorsale avec un espace à la base du cou mystérieusement fait pour que l'on puisse le monter sans selle. La membrane de ses ailes est fine et élastique, d'oú son talent pour le vol silencieux, mais cela implique de se laisser porter par le vent car battre des ailes aussi grandes, même légères, demande un effort considérable. Sa couleur naturelle lui permet de voler la nuit dans les cieux sans être repéré, mais voir une ombre cacher des étoiles le trahit forcément.
Vraltar exprime assez rarement ses expressions quand il se trouve face à des personnes à qui il n'a pas accordé sa confiance.Il préfère largement le vol de nuit, aimant la tranquillité de ces ballades nuptiales, et il apprécie encore plus quand Marn peut en profiter avec lui, adorant partager sa passion. Vraltar a aussi hérité du comportement de mère poule de sa mère adoptrice, et il n'est guère rare de le voir s’occuper des plus jeunes dragons - ou des enfants d'ailleurs - en acceptant de jouer avec eux. Mais celui dont il fait le plus attention est bien entendu son chevalier. Si quelqu'un se montre trop menaçant envers Marn, le dragon n'hésite pas à s'interposer. Il a d'ailleurs risqué de nombreuses fois sa vie pour le protéger. Il reste méfiant envers les inconnus, sauf les enfants bien évidemment, mais sait rapidement distinguer les amis des potentiels ennemis, sachant quoi faire en conséquence.